9 juin
Le 10 juin 1914, après trente-trois années de ministère épiscopal et près de soixante-dix ans de vie monastique, s’éteint Abraham, évêque de al-Fayyoum. Natif de la province copte de al-Minya et baptisé sous le nom de Joseph, il était entré à dix-huit ans au monastère de la Vierge de al-Muharraq, près de Asyut. S’étant surtout distingué par son extraordinaire engagement en faveur des pauvres, qui sera le fil rouge évangélique de toute sa vie, Joseph devint à 37 ans abbé du monastère. À partir de ce moment, des moines en grand nombre se firent ses disciples, et la communauté connut un essor extraordinaire. Mais avec le nombre des disciples, les tensions internes d’al-Muharraq prirent de l’importance, et Joseph fut contraint d’abandonner le monastère, car on l’accusait de dissiper les biens de la maison en faveur des pauvres. Avec quatre compagnons, il fut accueilli dans le monastère de al-Baramus, dans le Wadi-al-Natrun. L’abbé du lieu, devenu patriarche, qui avait remarqué la grande valeur spirituelle de Joseph et de ses frères, les ordonna tous les cinq évêques. Joseph devint ainsi, en 1881, l’évêque Abraham de al-Fayyoum. En tant que pasteur, il se sentit appelé avant tout à servir les pauvres, sans discrimination entre chrétiens et non-chrétiens. À ce service il joignit un chemin de dépouillement personnel : il ne voulut jamais s’asseoir à une table autre que celle des petits et des exclus, et il refusa tous les signes de distinction extérieurs et mondains qui reviennent pourtant par tradition dans presque toutes les Églises à celui qui est revêtu de la dignité épiscopale. A sa mort, une foule immense de chrétiens et de musulmans accourut pour lui rendre le dernier hommage.